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LES NUITS DE PARIS.

Les hastaires ouvrirent la marche avec leurs longues piques et leurs cuirasses d’acier.

C’était dans les rangs des hastaires que l’aigle romaine déployait ses ailes d’airain au-dessous du monogramme S. P. Q. R.

Après eux venaient les triaires ou vétérans, armés de la courte épée et du dard à main.

Après eux encore, les princes, vêtus de la chlamyde, portant l’épieu ou javeline, le bouclier elliptique, le casque et le glaive à deux tranchants.

Sur les ailes, se détachaient les escadrons des chevaliers romains.

Entre les cohortes, on voyait de jeunes patrices, sorte de volontaires qui venaient apprendre dans les camps le dur métier de la guerre antique.

Enfin, malgré ce qu’affirment les Commentaires de César, qui ont bien leurs raisons pour parler ainsi, à la suite de la légion, il y avait des litières nombreuses pour les baladins et les courtisanes.


Les clairons sonnèrent.

Le mouvement de la marche fit étinceler au soleil les cuirasses et les casques.

César, monté sur son cheval de bataille et vêtu du manteau de pourpre, — la tête nue comme toujours, — passa le dernier le pont de bateaux.

Avant d’atteindre l’autre rive, il demanda encore :

— Où est Œlian ? où est Mysœïs ?

Caïus Corvinus, qui l’accompagnait, lui répondit :

— Ils sont en tête des cohortes avec Vultur et Vorax.

Cela dit, le centarque s’inclina, car il ne devait pas aller plus loin.

Il s’était chargé de couper le pont de bateaux et de ramener