Page:Féval - Les Nuits de Paris - 1880, volumes 1 et 2.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
LES NUITS DE PARIS.

Le centarque épouvanté demanda grâce.

Œlian rappela ses chiens.

Le centarque se releva.

— Souviens-toi !… dit Œlian.

— Derrière ce mur, ajouta Mysoeïs, César médite. — Citoyen romain, un mot que je dirais ferait tomber ta tête… Mysœis, l’esclave de César, est plus puissante qu’une reine, entends-tu… puisque le monde est à César, et que César est à Mysœis !

Elle lui montra la porte d’un geste souverain et répéta comme Œlian.

— Souviens-toi !

Le centarque s’inclina et sortit.

Sous le portique, il s’arrêta pour essuyer la sueur froide de son front.

— Je me souviendrai, s’écria-t-il ; oh ! je me souviendrai !… Esclaves et chiens, cela fera quatre cadavres !


IX

Ghella fut ramenée au mont Cétard dans la litière d’Œlian.

Le mont Cétard était désert.

Ghella fit retentir la forêt du nom d’Ar-Bel.

Les échos répondirent.

Vers le soir, comme Ghella pleurait au pied d’un chêne, quatre soldats la saisirent et l’emportèrent à la maison de Caïus Corvinus.


Cependant, un mouvement laborieux se faisait parmi les cohortes romaines campées dans l’île des Parisiens.

Dès le malin, Labienus, le lieutenant de César, avait fait préparer le pont de bateaux jeté sur le grand bras de la Seine.