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LES NUITS DE PARIS.

— Le seigneur Œlian va vous dire sa volonté, répondit la Grecque.

— J’écoute le seigneur Œlian.

Le seigneur Œlian était d’une humeur affreuse, et son discours s’en ressentit.

— Centarque, prononça-t-il durement, — tu connais un jeune Gaulois nommé Ar-Bel… voici sa femme… Si tu touches un cheveu d’Ar-Bel… si tu te trouves jamais sur le chemin de Ghella, je te fais dévorer par les chiens de César !

Corvinus se redressa, livide de colère.

— Je suis citoyen romain, dit-il.

C’était le grand argument de Corvinus.

Et ce mot avait une certaine valeur, assurément, en face d’un affranchi et d’une esclave.

Œlian siffla doucement.

Vultur et Vorax, les deux nobles animaux, couchés tous deux sur une peau de tigre, bondirent aux pieds de l’affranchi.

Vorax mendiait une caresse de l’affranchi, tandis que Vultur léchait les mains roses de Mysœïs.

— Tiens, Vorax, ami, dit Œlian, — tiens, Vultur ! voici un citoyen romain… cela vous fait-il peur ?

Les deux chiens se dressèrent au geste de l’affranchi et regardèrent Corvinus avec leurs yeux rouges, effrontés. — Puis ils montrèrent le quadruple rang de leurs dents blanches.

Corvinus mit la main sur son épée.

— Vultur et Mysœïs, reprit l’affranchi, Œlian et Vorax composent la famille de César… Malheur à qui les attaque !

— Par Jupiter ! s’écria Corvinus furieux, — ce ne sont jamais là que deux chiens et deux esclaves !

Il n’avait pas achevé, qu’il tombait, terrassé, sur les dalles.

Œlian avait dit :

— Ho ! Vultur ! Vorax ! ho !