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LES NUITS DE PARIS.

À son tour, Mysœis la regarda. Et dans l’œil noir de la belle grecque, il y avait comme une émotion inconnue.

— Te tuer, pauvre enfant ! répéta-t-elle.

Et, s’adressant à l’affranchi, elle ajouta :

— Tu le vois, Œlian, ils ont un bonheur et ils ont un amour que nous ne comprenons plus. Je te le dis : laissons-les s’aimer !

Ghella s’approcha de Mysœis.

Elle eût voulu savoir, la jalouse !

Mysœis déposa un baiser sur son front.

— C’est que… murmura la jeune femme, — il vous trouvait bien belle !

Œlian était envieux de Mysœis. Elle avait un baume pour sa blessure. Lui, Œlian, n’avait rien.

— J’étais là, reprit Mysœis, derrière la draperie… j’entendais tout… Oh ! mon Œlian a bien parlé… J’ai entendu que la femme d’Ar-Bel a prononcé le nom de Caïus Corvinus, le centarque… et sur-le-champ, Œlian a donné l’ordre qu’on lui amenât cet homme… Pareil ordre a été donné par moi.

— Corvinus a refusé de venir, dit Œlian.

— Corvinus viendra, répondit Mysœis.

Elle mit un doigt sur sa bouche.

— Écoute plutôt ! interrompit-elle.

Il se faisait un bruit de pas sous le portique.

Un esclave entr’ouvrit la porte et prononça le nom de Corvinus.

Œlian était décidément battu de toutes les manières.

— Parle-lui donc, Mysœis, dit-il, puisque c’est à toi qu’il a obéi.

Le centarque entra la tête haute et l’œil insolent. — Mais il pâlit un peu à l’aspect de Ghella ; quand il aperçut Mysœis, son brutal sourire se fit humble.

— Que me veut la plus belle ? demanda-t-il doucement.