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LES NUITS DE PARIS.

races humaines ? de ces pays où les enfants eux-mêmes enseignent le doux art d’aimer ?

— Et toutes ces splendeurs, reprit-il, ne font aucune impression sur toi, ô Ghella !… Tu ne veux pas te mêler à ces femmes qui éblouissent le monde et qui commandent aux maîtres de la terre ?… Toutes ces merveilles de l’art, toutes ces joies exquises, ces festins couronnés de fleurs, ces perles, cet or à pleines mains…

— Tu m’y fais penser, interrompit Ghella qui glissa ses doigts dans son sein, — j’ai quelque chose à te remettre.

Elle tira le bracelet d’Œlian, caché sous son voile, et le jeta à ses pieds.

Œlian fronça le sourcil.

Heureusement pour Ghella que Mysœïs, lasse d’attendre, car elle avait laissé partir Ar-Bel depuis dix grandes minutes, souleva la draperie qui séparait sa retraite de celle de l’affranchi, et entra tout à coup en éclatant de rire.

— Tu n’es pas plus heureux que moi, mon pauvre Œlian ! dit-elle ; — nous sommes vaincus tous les deux…

— Si tu m’avais laissé le temps d’achever ma conquête… interrompit l’affranchi.

Mysœïs rit plus fort. Il y avait de quoi. — Je crois que la petite Ghella elle-même eut un sourire, car, après tout, elle était Parisienne.

Œlian était tout à fait en colère.

— Va, mon Œlian, dit Mysœïs, — laissons ces deux enfanta s’aimer… Ar-Bel m’a répondu comme a fait pour toi Ghella.

— Quoi ! s’écria la jeune femme, — vous avez vu Ar-Bel ?

Elle regarda Mysœïs d’un air craintif.

— Vous avez l’air d’être bonne, pourtant, murmura-t-elle. — Que vous ai-je fait pour que vous ayez voulu me tuer ?