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LES NUITS DE PARIS.

— Est-ce qu’elle a aussi envoyé des esclaves noirs au mont Cétard ? demanda Corvinus.

La soubrette s’enfuit en éclatant de rire.

Le malheureux centarque ne partageait point cette gaîté. L’idée d’être étranglé dans son lit semblait le contrarier assez. Il la trouvait contraire aux lois de la nature.




C’était dans deux salles contiguës de la forteresse de troncs d’arbres qui servait de palais à César.

Suivant les historiens de Paris, et nous n’avons rien à dire contre leur opinion parfaitement innocente, cette forteresse était située à la proue du vaisseau de la cité, au lieu même où s’élève maintenant le Palais-de-Justice.

Dans l’une de ces deux chambres, Ghella était avec Œlian.

Dans l’autre, Mysœïs était avec Ar-Bel.

Œlian et Mysœïs avaient, pour cette occasion, raffiné l’art de la coquetterie latine.

Œlian avait une tunique lamée d’or qui laissait découvert son cou au galbe correct. Une riche ceinture entourait ses reins, et des cothurnes de pourpre s’enroulaient symétriquement autour de ses jambes nues.

Un diadème d’or cerclait ses cheveux noirs.

Mysœïs portait la robe fendue des femmes du Péloponnèse. — Les nuages lissés de Corynthe tombaient et se drapaient sur sa gorge admirable dont les contours semblaient plus exquis à travers ce voile diaphane. Elle avait, parmi le luxe de sa chevelure, des rangs de perles Tyrrhéniennes, mêlées à ces coraux mats et sanglants qui venaient de l’île Dioscoride.

Ses pieds étaient nus sur le fauve pelage d’un lion africain et de minces anneaux d’or marquaient ses chevilles.