Page:Féval - Les Nuits de Paris - 1880, volumes 1 et 2.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
LES NUITS DE PARIS.

César veilla, demandant à son génie le salut des légions menacées.


Parlez-moi du centarque Corvinus ! voilà un honnête coquin tout d’une pièce et qui ne savait pas le grec !

Un vrai Romain sans foi ni loi, pas fade du tout, égorgeant les hommes qui ne voulaient pas lui donner leur bourse, égorgeant les femmes qui ne voulaient pas lui donner leur cœur.

Que diable ! il aimait l’or et les femmes ce centurion.

Pour un cent de sesterces ou deux, il aurait cassé la belle tête de Pompée le Grand ou la vilaine tête de Cicéron, l’avocat redondant, mais comblé de verrues.

Pour mille sesterces, il eut vendu le Capitole.

Pour dix mille, il aurait mis le feu aux quatre coins de la ville éternelle.

Telles étaient ses opinions politiques.

Et soyez sûrs que tout César qui veut passer une fois le Rubicon a besoin de centarques faits ainsi.

Pendant que la dixième légion revenait du territoire des Carnutes pour rejoindre César dans l’ile des Parisiens, maître Caïus Corvinus avait rencontré un beau soir une jeune femme au bord de la route.

Il avait remercié aussitôt Horus, dieu des philologues solitaires et des soudards enragés.

La jeune femme était Arrhéda, du pays de Chartres, épouse d’Alarix le guerrier.

Elle avait résisté à Corvinus qui, à bout d’éloquence, l’avait étourdie tout uniment d’un bon coup de pommeau d’épée sur le crâne.

Oh ! mais ne vous révoltez pas ! nous avons des instituteurs campagnards qui n’attendent pas qu’une femme ait l’âge nubile pour en agir ainsi.