Page:Féval - Les Nuits de Paris - 1880, volumes 1 et 2.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
iii
INTRODUCTION.

de la chanson (Et gai, gai, gai !), on va un peu au bagne, beaucoup à l’Hôtel-Dieu.

Mais de quoi se plaint-on ?

N’a-t-on pas bu ? n’a-t-on pas ri ?

Allons, belle jeunesse des goguettes parisiennes, lions crottés du Prado, nymphes enrhumées de la Grande-Chartreuse et de la Chaumière, courez chercher quelque vieux troubadour ayant rimé toute sa vie treille et bouteille, cueillez les roses fanées du Mont-Parnasse, prenez le buis de quelque cabaret, et du tout tressez une couronne pour le front de cet Orphée bourgeois qui regrette son bonnet de coton !

Dansez, jeunesse aimable ! Sablez le nectar frelaté ! Dévorez le gibier domestique !

Faites l’amour plus frelaté que le vin !

Jeunesse se passera. Vous deviendrez portière si vous avez été grisette ; vous deviendrez professeur, magistrat, médecin, si vous avez su porter le pantalon à carreaux et la casquette crâne.

Et vous aurez gardé assez d’intelligence, allez, pour être magistrat, professeur ou portière.


II.

Paris dort le jour.

Si Paris ne dort pas, il fait des affaires.

Le jour, Paris court, les mains dans ses poches, boutonné dans son paletot, serré dans son cachemire.

Le jour, Paris est tout pâle, tout fatigué, tout passé.

Il ressemble à ces vieilles coquettes que les novices et les provinciaux vont surprendre avant qu’elles aient eu le temps de mettre leur rouge.

Le jour, Paris est à son bureau ou à son comptoir, ou bien Paris est à sa toilette.