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LES NUITS DE PARIS.

d’Alarix. Il avait fallu pour le retenir le vigoureux et prudent poignet du vieux Thual.

Thual se releva le premier, dès que l’escorte de César fut partie.

Il enfla ses joues barbues.

— Allons, dit-il, — Vorax et Vultur sont deux bons chiens.

— Oh ! s’écria Ghella, quelle fête de mariage !

— Elle est belle, la fête, jeune fille, dit un Gaulois plus chauve qu’une ardoise, — trois ennemis morts devant l’autel de tes noces !

— Avez-vous vu !… demanda le petit Ar-Bel, — avez-vous vu les trois javelots de mon frère !… Tous trois au nœud de la gorge… Et les deux chevaliers et le patricien sont tombés tous les trois en vomissant des flots de leur sang… Oh ! c’est un grand guerrier que mon frère Alarix !

Et tous de répéter :

— Alarix est un grand guerrier.

— Oui, oui, dit le bon Thual, — c’est un grand guerrier… mais pourquoi perdre sa hache à couper une couronne ?

Une main se posa sur son epaule.

Il se retourna.

Alarix était auprès de lui.

Les Parises l’entourèrent, joyeux et pleins d’enthousiasme.

Ar-Bel et Ghella serraient ses mains en pleurant.

— Vieux Thual, dit Alarix en étendant sa main vers l’orient ; tu me disais ce soir, avant que César ne vînt, de regarder au loin… j’ai regardé… vois !…

Une lueur faible et incertaine brillait à l’horizon, du côté du cours de la Marne.

— N’est-ce point la lumière de la lune qui brille dans les marais ? demanda Thual.