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LES NUITS DE PARIS.

gieux l’espace qui le séparait des derniers arbres, disparut dans l’ombre de la forêt en poussant un long cri.

— Ho ! ho ! Vorax ! Vultur ! ho ! ho ! crièrent les chasseurs.

Et les deux grands chiens des Apennins, suivis de la meute entière, se précipitèrent sur les traces du fugitif.

Alarix n’avait plus rien pour se défendre contre Vultur et Vorax, dressés dès longtemps à la chasse humaine et qui valaient bien chacun deux ou trois chevaliers romains.

C’en était fait de lui.

Mais César approcha de sa lèvre le buccin d’argent qui pendait à son cou.

Il sonna un mot unique, — sec et court, — qui attaqua brusquement les échos endormis de la forêt.

Aussitôt la voix hurlante des chiens se tut.

L’instant d’après Vorax et Vultur étaient entre les jambes du cheval de César.

— Mysœïs, dit ce dernier, tresse-moi une autre couronne.

Puis, tournant la tête de sa monture vers Lutèce, il ajouta :

— Allons souper !

Mysœis, toute pâle encore, dirigea un regard vers l’autel ou Ar-Bel, le fiancé, s’était prosterné.

Œlian envoya un baiser à Ghella.

Les compagnons de César descendirent vers la plaine.


VI

Ar-Bel et Ghella n’avaient vu ni le baiser d’Œlian ni le regard de Mysœïs.

Que leur importait aux pauvres enfants ?

Ils songeaient au guerrier Alarix, leur frère, — leur père.

Ai-Bel avait été vingt fois sur le point de s’élancer aux côtés