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LES NUITS DE PARIS.

Cependant, Jules César avait fait arrêter son cortège à la vue des torches allumées sur l’autel rustique.

— Qu’est-ce là ? demanda-t-il à ceux qui l’entouraient.

— C’est un mariage gaulois, lui lut-il répondu.

César tourna son cheval vers l’autel.

— Que les dieux protègent les jeunes époux, dit-il, — et que le passage de César leur porte bonheur !

— Esclave ! ajouta-t-il en s’adressant à celui qui portait son manteau ; — dépose sur cet autel une bourse de mille sesterces.

Il y avait en cet homme une grâce sympathique et irrésistible. Il se faisait aimer de tous, et celui qui le tua l’adorait.

Il portait à la main, en ce moment, son épieu de chasseur encore ensanglanté. Une tête de sanglier énorme pendait au garrot de son cheval.

C’était franchement et de tout cœur que les Gaulois l’admiraient.

Quand l’esclave eût déposé la bourse sur l’autel, une seconde acclamation s’éleva.

Puis deux autres esclaves s’avancèrent, apportant aussi sur l’autel, l’un le bracelet d’or de Priscille Œlian, l’autre l’agrafe de perles qui attachait la tunique de Mysœïs.

— Pour Ar-Bel, dit l’esclave de Mysœïs.

— Pour Ghella, dit l’esclave d’Œlian.

Il paraît qu’Œlian et Mysœïs savaient d’avance le nom du fiancé et de la fiancée.

Les deux jeunes époux rougirent et baissèrent les yeux.

Mais on n’eut pas le temps de remarquer ce mouvement, car il se passa tout à coup quelque chose d’extraordinaire.

Les courtisans, vous le savez, vont toujours bien plus loin que le maître lui-même. Non contents de l’acclamation bénévole poussée par les Gaulois en l’honneur de César, les deux chevaliers romains qui l’accompagnaient et même quelques patrices s’écrièrent :