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LES NUITS DE PARIS.

Ne nous ont-ils pas répété à satiété cette parole du latin qui, « dans les mots brave l’honnêteté, » cette parole : César était le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris !

Doux professeurs ! cela les amusait de nous répéter ces fantaisies !

Et quelle différence faisaient-ils entre la fierté de Scévola et la platitude de Virgile ?

Entre le courage de Coclès et la poltronnerie du poète Horace ?

Tout cela était pour eux charmant, par cela même que c’était antique.

Un pédant n’est plus un homme.

N’allez pas, ô Gaulois, dans la forêt noire des collèges, — et surtout, n’y laissez pas aller vos enfants ! —

Nous laisserons de côté les mœurs de César lui-même.

Mais nous soulèverons le voile curieux qui couvre la famille que César s’était faite.

Cela pourra paraître invraisemblable, parce que cela est tout à fait en dehors de ce que nous voyons, de ce que nous sentons.

Il nous suffit que cela soit la vérité.


V

Les deux enfants nouvellement mariés, Ar-bel et Ghella, étaient au premier rang des Parises curieux.

Œlian et Mysœïs, l’esclave et l’affranchi, les aperçurent en quelque sorte du même coup d’œil.

Ils échangèrent tous deux un sourire.

— N’est-ce pas, qu’il est beau ? murmura l’esclave Mysœïs.

Et l’affranchi Œlian dit, au lieu de répondre :

— N’est-ce pas, qu’elle est belle ?…