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LES NUITS DE PARIS.

quelques jeunes patriciens, vêtus à la dernière mode de Rome, et affectant des poses efféminées.

César marchait ensuite, à cheval, entre deux Romains de l’ordre équestre.

César n’était plus un jeune homme, mais sa belle figure gardait toute l’animation vive de la jeunesse. Il avait le teint blanc, comme s’il eût été un Gaulois ; son œil d’aigle brillait sous son front largement développé. — Un sourire gai, mais sceptique et railleur errait autour de sa lèvre gonflée.

En somme, on voyait bien qu’avant d’être le premier guerrier du monde, César avait pu être le plus grand viveur de Rome.

Sa taille gracieuse était un peu courbée, soit par l’effet de sa course récente, soit par suite des excès de tous genres qui avaient lassé sa jeunesse.

Il était armé à la légère et portait la chlamyde de pourpre.

Un esclave tenait auprès de lui son manteau déplié.

Il avait la tête entourée, comme toujours, de la couronne de laurier, destinée à cacher sa chauveté précoce.

Par tous pays, on eût dit à le voir :

— Voilà un noble soldat sur un noble coursier !

Mais les Parises n’étaient point si froids que cela dans leur admiration.

Ils poussèrent un hourra formidable, suivi de trois acclamations, en faveur de César, roi et dieu !

À droite et à gauche de César, marchaient maintenant d’un pas égal et tranquille les deux chiens Vultur et Vorax, qui sentaient bien tous deux qu’il fallait tenir sa dignité en présence de cette populace.

Derrière eux venait le gros de la meute, menée en laisse par des esclaves sarmates.

Derrière encore, portée par huit esclaves nubiens, aux visages