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LES NUITS DE PARIS.

Ils vinrent ventre à terre jusqu’à dix pas des Parises et s’arrêtèrent court sur leurs jarrets tendus.

La tête haute, l’œil rougi par le reflet, des torches qui continuaient de brûler sur l’autel, ils semblèrent regarder curieusement les Gaulois.

C’étaient deux échantillons choisis dans cette grande race des Apennins, qui subsiste encore de nos jours, quoique dégénérée.

Impossible de voir deux bêtes plus gracieuses et plus fières, plus agiles et plus robustes à la fois.

Tous deux étaient noirs et gris-bleu, avec des feux sanglants au milieu du front et sous les paupières À la voix caressante des Parises qui les appelaient, ils répondirent en tournant le dos brusquement, et gagnèrent la forêt en trois bonds.

— Leurs chiens mêmes ne veulent pas de nous ! dit Alarix amèrement.

— Qu’ils sont beaux ! qu’ils sont beaux ! répétaient les Parises.

Thual disait :

— Pour beaux, ils sont beaux !

Ils avaient à peine disparu depuis quelques secondes, lorsque le bruit du pas des chevaux romains devint distinct. — On entendait même le murmure des voix.

En même temps on apercevait la lueur des torches à travers les feuilles.

Tous les Parises rassemblés pour les noces d’Ar-Bel et de Ghella se rangèrent en ordre pour voir passer César.

Douze esclaves, porteurs de torches, sortirent les premiers de la forêt.

Ils étaient suivis d’un nombre double de légionnaires, qui ne quittaient jamais César.

Après les légionnaires venaient à cheval ou dans des litières,