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LES NUITS DE PARIS.

— L’affranchi de César ! murmura-t-il, — l’esclave de César !… les chiens de César !… mes amis ! j’ai vieilli, moi, depuis que je vous ai quittés !… Pourquoi faut-il que je vous retrouve enfants ?

Thual, le batelier, lui donna une grosse poignée de main.

— Patience, dit-il, patience !

Les deux torches de bois résineux étaient allumées. La cérémonie commença. Les six jeunes filles frappèrent un coup unique sur leurs tiges d’airain sonores, et allèrent suspendre, en dansant, leurs couronnes d’églantines aux cornes du dieu Cernunnos.

Les six jeunes hommes plantèrent dans le gazon leurs doubles dards, et entourèrent les six vierges en se tenant par la main.

— Gloire soit à Tarran, le père des Dieux, dit le prêtre ; — Gloire à Esus, et gloire à Bélen !… Que l’âme immortelle des héros, nos pères, soit autour de nous !… Isis, la grande déesse, monte dans les étoiles et regarde l’autel.

« Cernunnos ! ô Dieu ! celui-là s’appelle Ar-Bel ; celle-ci a nom Ghella.

« Souviens-toi, Dieu, que Ghella est l’épouse d’Ar-Bel et qu’Ar-Bel est l’époux de Ghella ! »

Il toucha le front des deux enfants de son doigt trempé dans la poudre de gui.

— C’est là le gui coupé par les aïeux, dit-il ; — celui que nous cueillons, nos fils en auront la cendre pour sanctifier la peau de leurs visages.

Thual et Alarix s’avancèrent, le bras droit de Thual entrelacé au bras gauche d’Alarix, de façon à ce que la main de chacun d’eux se posât sur l’épaule de l’autre.

— Qui êtes-vous ? demanda le pontife.

— Les pères répondirent-ils.

— Venez-vous dire : Je ne veux pas ?