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LES NUITS DE PARIS.

— Et une légion au monts Lucotiens, ajouta une matrone.

— Et Jules César a fait construire un palais près de l’autel d’Esus !

— Et ses soldats manœuvrent sur la place, devant le pont de bateaux !

— Et les chevaliers romains caracolent tous les matins sur la grève !

— Et il y en a de bien beaux, murmura une grisette de ces temps reculés sous sa couronne d’églantier.

— Pas si beaux que Priscille Œlian, l’affranchi de César ! dit Ghella.

— Oh !…fit Ar-Bel.

Mais il n’eût pas le temps d’achever sa pensée.

La foule, qui prenait maintenant sa revanche, ne tarissait plus.

— Et les jeunes patrices mènent la chasse dans les bois.

— Ils ont des chiens magnifiques !…

— Pas si beaux, dirent vingt voix empressées, pas si beaux que Vultur etVorax, les deux chiens de César !

Elles savaient le nom des chiens de César, ces Gauloises !

Souvenez-vous ! Dix-neuf cents ans plus tard, ces mêmes Gauloises devaient fêter les officiers russes et les colonels prussiens, au même lieu, avec la même insouciance frivole !

Oh ! ces délicieuses Gauloises ! quand elles ne sont pas Jeanne d’Arc, elles sont bien peu de chose !

— Et puis, reprenait-on encore, il y a des dames romaines au camp.

— Et qu’elles sont belles !

— Pas si belles que Mysœis, l’esclave de César !

C’était Ar-Bel qui avait dit cela.

— Oh !… fit à son tour Ghella, dont la joue se couvrit de rougeur.

Alarix secoua lentement la tête.