Page:Féval - Les Nuits de Paris - 1880, volumes 1 et 2.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
LES NUITS DE PARIS.

C’était vers l’an 700 de Rome fondée, — un demi-siècle avant la naissance de Jésus-Christ.

Voilà pourquoi, dans cette assemblée de Parises, pas une voix ne protesta contre la souveraine autorité du nom de citoyen romain.

Le petit royaume, ou, si mieux vous aimez, le petit pays des Parisiens était grand tout au plus comme notre département de la Seine, qui lui-même est quatre ou cinq fois moins étendu qu’un département ordinaire.

Au nord, il était borné par la nation des Silvanectes, vers Senlis ; à l’est par les Meldes, vers le côté oriental de l’arrondissement de Meaux ; au sud-est par les Senones (Sens) ; au sud-ouest et à l’ouest par les frontières carnutes qui touchaient Versailles.

Mais faibles qu’ils étaient, les Gaulois Parisiens n’en avaient pas moins au cœur le profond sentiment de patriotisme qui tant de fois changea leurs fils en héros.

Et la lourde main de Jules César ne devait les comprimer qu’un temps.


III

À la vue de l’épouvante générale, le centarque Corvinus mit plus d’insolence dans son sourire.

— Vos misérables dieux barbares, reprit-il, ne sont pas habitués à voir des gens de ma sorte témoigner devant leurs autels… Car vous appelez cela des autels, vous autres, ajouta-t-il en haussant les épaules : quatre cailloux surmontés d’une ardoise… Par Jupiter Stator ! dont le temple est de marbre, nos dieux à nous sont mieux adorés que cela !… et le fretin de notre Olympe se croirait déshonoré s’il regardait seulement du coin de l’œil vos pierres rugueuses et tachées de sang humain !