Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui et chez lui sa partie de piquet dans la soirée, mais ces Normands disent ce qu’ils veulent.

Une lueur passa sous la porte de Trois-Pattes. Soit qu’il fût de retour, soit qu’il quittât son lit à cette heure où l’on se couche, il était éveillé, voilà le fait certain.

En ce moment, Similor, les mains dans ses poches, et Échalot, portant Saladin comme un panier par l’anse, remontaient mélancoliquement l’escalier pour regagner leur taudis. Ils avaient fait un tour de boulevard du Temple, le long des chers théâtres, pour calmer le chagrin de leur déconvenue. Le Cirque colossal, la sensible Gaîté, les Folies-Dramatiques, Gymnase de la moyenne épicerie, Madame Saqui, les Funambules et le Petit-Lazari, avaient successivement ouvert leurs battants pour l’entr’acte sans leur apporter la moindre contre-marque.

Le public du dimanche avale le spectacle jusqu’à la lie.

Et d’ailleurs la chance n’y était pas, quoi ! Il y a des veines où rien ne réussit.

Similor roulait dans sa tête étroite des pensées tumultueuses. Échalot se sentait amoindri ; la récente tentative auprès des deux jeunes gens l’affaissait. Tuer la femme n’est déjà pas une besogne si agréable, quand on a bon cœur. Eh bien ! on ne voulait même pas de lui pour cela !

Saladin, habitué à toutes sortes de positions fâcheuses, râlait tout doucement. L’enfance de ce petit n’était pas heureuse, mais il s’accoutumait à l’agonie, comme Mithridate aux poisons. Il avait la vie dure autant que les chats orphelins. Pour le tuer il eût fallu lui casser la tête avec une pierre.

« Dire qu’il y a des particuliers qui font la poule à