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L’entretien, il faut en convenir, s’emmanchait de façon à poser une de ces charades audacieuses qui font la joie des auteurs dramatiques. À supposer que l’histoire du mystérieux brassard fût un prologue, par quel lien ces romanesques prémisses aboutissaient-elles à l’action compliquée dont nos jeunes amis sentaient vaguement les rouages fonctionner autour d’eux ?

Ce Normand à l’allure bourgeoise prenait pour eux de plus en plus des proportions étranges.

Et derrière l’épaisseur lourde de son masque, cette autre physionomie dont nous avons parlé, cette seconde peau, ce latent caractère de hardiesse vigoureuse et d’implacable intelligence lentement se dégageait…


XX

Des tas d’histoires.


M. Bruneau avait pris à la main la brochure. Il en parcourait le titre naïf en rêvant. Un instant il se recueillit et sa main robuste pressa son front comme pour en exprimer la pensée.

« Il y a là un point de départ surprenant, poignant et vrai, ce qui ne gâte rien, prononça-t-il avec lenteur. Ceci est de l’histoire, quoique ce ne soit pas de l’histoire intelligente, car l’auteur, pour écrire, s’est mis au même point de vue que les juges pour juger. Soyez tranquille, monsieur Roland, je ne dirai rien contre votre père.

— Oh ! répliqua Étienne, ne vous gênez pas. Il s’agit du drame.