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pênes aux arêtes tranchantes. À l’extérieur, immédiatement au-dessus des trois plaques de cuivre doré qui servaient au jeu de la « combinaison », un système de griffes articulées qui, à l’état normal, devaient être contenues et cachées dans l’épaisseur du panneau, sortait d’un pertuis carré et soutenait encore le brassard ciselé, éventré dans sa longueur comme la carapace d’un homard, fendu par un coutelas expert.

Méprisant un instant les lois de la perspective, nous nous approcherons du brassard pour examiner de près le mystérieux travail opéré par André Maynotte, à la forge voisine de l’estaminet de l’Épi-Scié la nuit précédente.

Le brassard, monté sur cuir de Cordoue, formant doublure et coussin à l’intérieur, avait été déjà dévissé, cette nuit-là, et muni, dans la partie qui protégeait l’avant-bras, d’un triple collier de tiges d’acier, libres et ouvrant avec le plan intérieur du gantelet un angle peu considérable. Au moment où le bras entrait, ces tiges, sollicitées dans le sens de leur pose, se couchaient ; mais si le bras voulait sortir, au contraire, ces tiges, prises à rebrousse poil hérissaient leurs pointes acérées et mordaient : chaque effort les relevant d’autant et creusant à la fois les cent piqûres.

M. Lecoq avait fait des efforts, car le parquet, immédiatement au-dessous de cet étrange appareil, était baigné de sang.

Dans le sang et autour du sang, quatre liasses de billets de banque français de mille francs, grosses chacune deux fois comme un exemplaire du monumental Almanach Bottin, gisaient.

C’étaient les billets faux, destinés à devenir la proie de l’association des Habits Noirs, après l’enlèvement des vrais billets par M. Lecoq seul ; cet homme ingé-