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lui chercherons un nom plus tard. Écris son vrai nom : M. Bruneau…

— Sur ma parole, s’écria Étienne, on a bougé dans la chambre.

— Écris ! Le présent est enveloppé d’un nuage qui porte la tempête ; mais le passé ? Il y a dans le passé une bien lugubre histoire. Associons les idées. C’est du choc de ces nuées que jaillit la foudre : ce Caliban, Trois-Pattes… Le voici ! c’est le passé : tout ce qui reste d’un bonheur éclatant, d’une jeunesse victorieuse. Le récit du troisième acte, le grand nœud… ou bien encore le coup de tonnerre qui retentit au dénoûment.

— Prodigieux ! dit Étienne dans son admirable bonne foi, écrasant !… Mais, sais-tu, il faut bien rire un petit peu, et je ne vois pas les comiques.

— Nous n’y sommes pas encore. Quand nous saurons le secret, pas avant ! À l’heure qu’il est, il faut tuer par le poison ou par le fer, sans pitié ! Manger ou être mangé ! tel est le sort. Fera-t-il jour demain ? Oui, alors marchons, c’est que le moment est venu. Pénétrons à bas bruit dans la chambre à coucher de la comtesse. Non pas nous, mais des mercenaires dont le poignard s’achète à prix d’or ; de ces gens qu’on trouve partout, à Paris comme à Venise ; qu’on trouve toujours, au dix-neuvième siècle comme au moyen âge, dès qu’il y a un crime à commettre et une bourse à recevoir, de ces instruments enfin…

— Les paye-t-on d’avance, les instruments ? » demanda derrière eux une voix doucereuse, effrontée et timide à la fois.

Ce fut un rude coup de théâtre. Celui-là, Maurice. ne l’avait pas inventé.

Nos collaborateurs tressaillirent tous deux, et la