En tâtonnant, André trouva l’ouverture de la grille. Il la franchit, et, repoussant les deux battants du même coup, il la ferma.
Ce bruit de ferraille retentit fortement dans le silence.
« Bon ! dit André à demi-voix, j’ai laissé retomber la trappe. Il fait noir comme dans un four ! »
C’était l’accent de Trois-Pattes et le ton d’un homme qui se parle à lui-même.
L’ancien commissaire de police et le conseiller restèrent immobiles auprès de l’entrée. Ils ne reconnaissaient plus la voix de celui qui venait de leur parler.
Trois-Pattes toussa, tâtonna et reprit brusquement :
« Dites donc, si vous êtes là, ne faites pas le mort ! Je ne suis pas venu pour jouer à cache-cache, patron !
— Je suis là, gronda une voix sourde vers le fond de la pièce, et que le diable nous brûle tous ! Je suis pris au piège comme un loup !
— Quel piège ? demanda Trois-Pattes. Vous n’aviez donc pas le brassard ? »
Pour être attentifs, nos deux témoins invisibles et muets n’avaient certes pas besoin d’excitation. Cependant ce dernier mot, « le brassard, » les heurta du même choc, et malgré eux ils firent un pas en avant. « J’ai entendu quelque chose, » dit la voix du fond avec une subite inquiétude.
Mais déjà on pouvait ouïr distinctement le frôlement d’un corps rampant sur le parquet. Trois-Pattes était en route.
La voix du fond reprit :
« J’ai le brassard, mais c’est le brassard qui m’a pris… ce scélérat de Bruneau creusait une contremine. C’est lui qui aura aposté la jeune fille sur mon chemin. Le drôle est forgeron ; il a mis un attrape-nigaud dans le brassard… et chaque fois que je veux