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arrivait par un perron de douze marches, communiquait de plain-pied avec l’entre-sol des bâtiments accessoires donnant sur la rue. Un escalier privé conduisait des appartements du baron à la galerie qui joignait les bureaux à l’hôtel.

André Maynotte descendit les premières marches de cet escalier d’un pas ferme et rapide. Mais ici personne n’était témoin. Avant d’atteindre la galerie, il s’arrêta, comme s’il eût eu besoin de reprendre haleine, à mi-chemin d’une montagne escarpée. Une de ses mains saisit la rampe, tandis que l’autre étreignait son cœur, dont les battements le blessaient. Un long soupir souleva sa poitrine.

Ce fut tout.

En bas de l’escalier, deux hommes attendaient.

La lampe qui pendait au plafond de l’étroit vestibule éclairait leurs visages graves, mais inquiets. L’un était M. Schwartz, ancien commissaire de police à Caen ; l’autre, M. le conseiller Roland.

Tous deux tressaillirent à la vue d’André Maynotte, qui descendait les marches tête haute. Tous deux l’avaient reconnu du premier coup d’œil. Il ne prononça point le mot d’ordre annoncé.

« Monsieur, lui dit le conseiller Roland, qui était un homme d’énergie, nous avons cédé à des sollicitations dont le caractère nous a frappés. Je m’attendais, pour ma part, à quelque chose d’étrange où vous deviez être mêlé ; mais je ne m’attendais pas à vous voir. Nous sommes fonctionnaires…

— Vous êtes gens d’honneur, l’interrompit André. Votre conscience a des doutes, car celle qu’on nomme à présent la baronne Schwartz est libre, et vos deux fils, messieurs, ont fait partie de cette maison, qui est la sienne.