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Dans l’affaire du prétendu fils de Louis XVI, M. Schwartz, aux abois, cherchait un refuge, une parade, quelque chose comme ce fameux brassard ciselé que les pillards de la caisse Bancelle avaient laissé entre les griffes de la mécanique, la nuit du 14 juin 1825.

Il n’avait rien volé ; mais souvenons-nous de la navrante conviction qui terrassa André Maynotte innocent, au lendemain de ce crime. La main qui avait serré jadis la gorge d’André Maynotte était désormais autour du cou de M. Schwartz : la même main !

André Maynotte n’était, en ce temps-là, qu’un pauvre enfant amoureux, et ce furent les précautions mêmes prises pour sauvegarder Julie, son trésor adoré, qui couronnèrent et complétèrent ce fatal monceau d’apparences, sous lequel la justice ne sut point découvrir la vérité cachée.

M. Schwartz était, au contraire, un homme, un habile homme ; les ressources de toute sorte abondaient autour de lui, et sa fortune lui faisait une armure. — Cependant il suffoquait sous la pression de cette main, qui mesurait la puissance d’étranglement à la force de la victime. Il râlait déjà, parce que, pour compléter l’étonnante parité de situation, un grand amour aussi pesait sur lui : une femme était là qui paralysait sa défense, une femme adorée, la même femme !

Je n’ai pas dit le même amour. M. le baron Schwartz et André Maynotte n’aiment jamais de la même façon ; mais qu’importe ? La passion engourdie dans le bonheur devient féroce à l’heure où l’on souffre. Au milieu de cette immense bataille des intérêts qui s’agitaient autour de M. Schwartz, sa grande affaire était sa femme.

Sa femme le gênait, le garrottait, l’absorbait. Il l’aimait avec fureur, depuis qu’elle n’était plus à lui. Il