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VIII

Bal d’argent.


Ces nuits-là, le petit Paris ne se couche pas. Dans toute forêt, il y a les oisillons, les mouches, les scarabées, et toutes ces menues bêtes que la Providence de Dieu n’a certes pas créées en vain, mais qui, en apparence, ne servent pas beaucoup, si elles ne sont pas hautement nuisibles. Aucune forêt n’est plus abondamment habitée que celle de Paris : nous n’essaierons même pas de nombrer les têtes d’insignifiant bétail qu’elle abrite et nourrit sans y prendre garde.

Ces nuits-là, ce petit monde veille, avide de voir et d’entendre, curieux de flairer un parfum, de saisir au passage le feu d’un diamant ou l’éclair d’un regard, empressé à espionner les toilettes, désireux jusqu’à la fièvre d’approcher le plus près possible de ces joies vides et vaines, qui lui semblent enviables entre toutes, et dont il désespère de pouvoir se rassasier jamais.

Le quartier Schwartz vivait en émoi comme un soir de feu d’artifice. Ces Schwartz, au fond, n’étaient ni aimés ni détestés : on ne leur en voulait guère que d’être si riches. Il n’y avait contre eux aucune de ces haines personnelles qui liguent la mansarde avec la boutique et font naître des malédictions sous le pas des chevaux, quand la fière famille glisse, comme une apparition royale, vers les latitudes où le million se promène. M. Schwartz était trop intelligent pour n’avoir pas rendu beaucoup de services, et Mme Schwartz,