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« Étant maintenant de la chose, tu pourrais demander une somme pour r’habiller l’enfant que je porte.

— Ida était d’une conduite légère, répondit Similor en s’élançant sur les pas de Mazagran. On ne peut pas savoir…

— Ça veut dire, pensa Échalot atterré, qu’il a des doutes sur ses liens du sang avec le petit. Aie pas peur, Saladin ! Je t’adopte devant l’Éternel, dans la position que je viens d’acquérir. »

Cinq ou six gros bonnets seulement restaient autour de M. Mathieu, qui avait ordonné que la porte fût refermée.

Piquepuce et Cocotte, dont l’un avait procuré le plan authentique des lieux, et l’autre les empreintes, faisaient naturellement partie de cette réunion d’élite.

« Mes petits, leur dit M. Mathieu, à vous l’honneur ! Toute cette racaille est pour la bagatelle de la porte. C’est vous qui allez jouer la vraie comédie, et vous serez payés en conséquence. Le patron veut que cette affaire-là soit son cadeau de joyeux avènement ; il ne garde rien pour lui ; votre part en sera meilleure.

— Oh ! oh ! murmura Piquepuce avec défiance, Toulonnais ne garde rien pour lui !

— Peu de chose, du moins, répliqua Trois-Pattes, dont le masque immobile eut son sourire sinistre. Arrangeons d’abord la petite histoire des agneaux.

— Combien y a-t-il d’agneaux ? fut-il demandé.

— Rien que deux : cet Échalot et ce Similor. Il faut qu’ils restent au fond du filet, parce qu’ils sont voisins des jeunes gens et qu’ils leur ont servi de domestiques. En outre, ils rattacheront le Bruneau à l’affaire de la comtesse Corona. Les pauvres diables nous seront bien utiles. »