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du moins, M. Mathieu était-il plus avancé que tous les autres dans la confiance du grand homme.

Et nous voyons qu’il le servait de bon cœur.

« Numéros 30 à 40 ! »

Il y avait des voisins à occuper, des avenues à garder. C’étaient là des rôles inférieurs, si vous voulez ; mais malheur à qui méprise cette humble infanterie !

Et tenez ! les numéros 40 à 50, — des messieurs et des dames, — étaient chargés spécialement d’organiser une dispute, voire une véritable bagarre, à un moment donné, si quelque bruit de mauvais augure tombait de l’entresol.

D’autres numéros… Écoutez ! Nous ne pouvons pas entrer dans les menus détails. Ce serait un trop long poëme. Disons en bloc que M. Mathieu, après avoir fait de nobles personnages, des bourgeois, des employés, des laquais, fit aussi des mendiants, des baisseurs de marchepied, des bouquetières, et peut-être même ce joueur d’orgue imité de l’affaire Fualdès…

La tradition profite dans chaque art. Le joueur d’orgue est ici plus célèbre que l’assassin lui-même et que la victime. Et ne trouvez-vous point que ces mots, lancés dans la nuit sur la plaintive mélopée que vous connaissez tous, semblent faits pour servir de signal en un instant suprême : « Lanterne magique ! pièce curieuse ! »

Soixante numéros sont casés, ajoutons-en quarante, car il n’y a point de bonne mise en scène sans comparses. Tout est prévu désormais. Il y a (infandum) jusqu’à de faux sergents de ville : une demi-douzaine d’athlètes chargés de mettre le désordre, dans l’ordre et d’enlever les trop clairvoyants.

M. Mathieu agita sa sonnette et demanda un verre de rhum. La séance publique était levée ; on allait se concentrer en comité secret. Échalot dit à Similor :