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on s’inquiète de lui quelque part, allez-y et dites que tous les rendez-vous tiennent pour ce soir. Dites aussi que la cassette est en bonnes mains, la cassette que vous n’aviez pas su garder. Je vous salue, jeune homme ; en prison, vous auriez été bien tranquille. Mais, puisque vous voilà dehors, regardez à vos pieds en vous promenant : il y a des trappes ! »


VII

On joue la poule.


La reine Lampion était une belle femme : aucun historien ne dira le contraire ; Sophie Piston, amante de Piquepuce, et la sensible Sapajou, dame des pensées de Cocotte, avaient de doux charmes et buvaient l’absinthe comme des anges du ciel ; il y avait encore Riquette, qui levait le pied proprement ; Caporal, qui fumait mieux qu’un poêle, et Rebecca, toujours enceinte des paquets qu’elle volait dans les magasins de nouveautés : c’étaient de chères filles qui avaient à la fois la beauté, présent des dieux, et le talent, qui s’acquiert par l’étude. Mais, de même que le soleil est supérieur aux astres de la nuit, de même Mazagran éclipsait toutes ses rivales.

Mazagran avait la vogue. Au fond des halliers les plus abandonnés de la forêt de Paris, sa gloire florissait. Son nom historique éveillait les échos de ces sombres carrefours où les bêtes farouches s’entre-mordaient pour un de ses sourires.

Elle était chauve par suite de maladie, mais il lui