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M. Schwartz eut un mouvement de tête affirmatif.

« Et vous êtes convoqué pour cette nuit ?

— Comme vous, sans doute, au bal du baron Schwartz.

— Vous irez ?

— J’irai. »

La voiture qui suivait l’équipage vide de M. Schwartz contenait également deux interlocuteurs, dont la conversation très animée avait peu de rapport avec le pompeux et suprême voyage du colonel Bozzo Corona. L’un était M. le marquis de Gaillardbois ; nous tairons les titres ainsi que le nom du second personnage, et, bravant le ridicule attaché à cette formule, nous oserons l’appeler l’Inconnu.

L’Inconnu disait :

« L’opinion publique est déjà troublée. J’ajoute une foi médiocre à ces immenses associations de malfaiteurs. De tous les romans qu’on jette en pâture aux bavards de la Cité, il est le plus facile à faire.

— Cependant… objecta Gaillardbois.

— Je ne nie pas, je doute. Pouvez-vous me montrer le duc en question ? »

Gaillardbois se pencha aussitôt à la portière de la voiture, et regarda en avant.

« C’est celui qui marche à côté de Lecoq, » dit-il en se rasseyant.

L’Inconnu regarda à son tour longtemps et attentivement. Il pouvait voir par derrière seulement une tête élégante de jeune homme aux profils réellement bourboniens.

Quand il se rassit, il dit :

« De tous les animaux nuisibles qui sont à Paris, ce Lecoq est, sans comparaison, le plus dangereux.

— Il vous sert, pourtant ?

— Le premier chien fut un loup dressé… mais il devait mordre.