— J’aimerais mieux n’importe quoi que l’écluse,
— As-tu un autre moyen de gagner vingt-cinq francs sans travailler ?
— On peut chercher…
— Il y a trente-cinq ans que tu cherches. Tu n’es pas digne de faire partie de mon association ! »
Ce disant, Similor, qui avait expédié sa saucisse, attira vers lui l’assiette de l’ex-pharmacien et se remit à la besogne.
« Écoute, dit Echalot, sans se plaindre de cette spoliation, qui lui déchirait secrètement le cœur, c’est profond, l’écluse.
— Oui, riposta Similor, mais c’est pas large.
— Eh bien ! jette-toi dedans, je te donne ma parole sacrée que je te r’aurai ! »
Similor le foudroya du regard.
« Avec ça, répliqua-t-il en achevant le demi-setier, qu’un bain après le repas, c’est la mort subite de ton ami ! »
Échalot eut la délicatesse de ne pas rétorquer l’argument. Jamais il n’abusait de ses avantages, et c’est ce qui rendait son commerce si agréable. On se remit à chercher des trucs. C’est pour cette race subtile et qui, sincèrement, se regarde comme la plus ingénieuse de l’univers une occupation pleine de charme. Cela vaut presque le rêve des poètes. Et bien véritablement ce sont des poètes, vivant d’illusions au milieu des plus repoussantes réalités.
Une chasse au truc, en collaboration, n’a pas moins de séductions qu’une battue au mélodrame. Toutes deux, du reste, sont en quelque sorte spéciales à la forêt de Paris : non point qu’il n’y ait ailleurs des adeptes de l’industrie transcendantale et des dévots de la Ficelle, cette dixième muse, mais Paris est le centre des arts et le restant de l’univers n’a que ses rebuts.