Échalot passa le revers de sa main sur ses lèvres. Quarante-huit heures d’opulence !
« Eh bien ! acheva Similor, j’ai trouvé un truc : il faut sauver le noyé ; ça donnera vingt-cinq francs de prime. Pas plus malaisé que ça ! »
Échalot le regarda d’un air hébété.
« Tu as un noyé ? demanda-t-il.
— Oui, Bibi ; c’est toi le noyé, comme de juste, et c’est moi le sauveur : est-ce un truc, celui-là ! »
Au point de vue moral, Échalot n’en avait que plus de mérite à laver de temps en temps au canal la demi-douzaine de mouchoirs terribles qui formaient la layette de Saladin. L’eau lui faisait dégoût à ce point qu’il négligeait, par crainte de l’eau, son talent de pêcheur à la ligne. L’idée de Similor était bien simple : il voulait jeter Échalot dans l’écluse et puis le repêcher.
Seulement, Échalot ne voulait pas.
« Tu ne sais pas nager, dis donc, l’ancien ! protesta ce dernier qui frissonna de tous ses membres et repoussa son assiette. Je trouve que c’est des vilains jeux.
— Vas-tu caponner ? demanda Similor déjà menaçant.
— Je fais toujours tout ce que tu veux, mais l’eau, ça n’entre pas dans mes idées.
— Et tu dis que cette créature-là t’est chère ! s’écria Similor en levant ses deux bras vers Saladin endormi qui pendait à son clou. Mange, propre à rien ! À quoi ça sert-il d’opérer des inventions nouvelles ! Mange ! mange ! mange ! »
Mais Échalot n’avait plus faim. On lui avait gâté son déjeuner.
« Amédée, dit-il avec tristesse, tu m’offenses dans mes sentiments les plus sacrés !
Il n’y a pas d’Amédée ! tu arrêtes une entreprise !