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Le sourire d’André exprima un contentement mélangé de dédain.

« Et Blanche ? interrogea-t-il encore.

— Blanche aime son cousin Maurice ; vous savez cela mieux que moi.

— Amour d’enfant !

— Elle est la fille de sa mère. Elle ne croyait pas plus que les autres au mariage Lecoq. Elle était entre deux romans : les noces princières et la fuite avec Maurice. Elle a une moitié de son sang qui est corse.

— Et, demanda encore André, il n’est pas question d’Edmée dans tout cela ? »

La tête de la comtesse se pencha sur sa poitrine.

« Est-elle donc de beaucoup plus belle que moi ? » murmura-t-elle.

Puis, faisant un effort et relevant son noble front :

« Je ne la hais pas, sur Dieu et sur la Vierge en la miséricorde de qui je mets tout mon espoir ! Je l’aurais tuée s’il eût hésité entre nous deux. Il n’a pas hésité : que mon sort s’accomplisse ! Celle-là sera heureuse ; elle a pleuré sa dernière larme. La voiture de Mme Schwartz ira la chercher pour la ramener au bal.

— Ah ! fit pour la seconde fois André, les choses ont marché. »

Il réfléchissait, et le sujet de sa réflexion se trahit ainsi :

« M. Lecoq sait-il cela ?

— Il sait tout, repartit la comtesse. Avec lui ne croyez jamais avoir gagné sur table.

— Je tiens mon jeu ! dit l’autre non sans orgueil. La caisse Schwartz a-t-elle pu réaliser en si peu de temps ?

— Sans difficulté aucune. Ces gens-là sont les rois de la place.

— A-t-on pris du papier sur Londres ?