Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cupé de vous toute la soirée. Connaissez-vous M. le marquis de Gaillardbois ? »

Le baron desserra le nœud de sa cravate.

« À moins que vous ne la choisissiez foudroyante, ce qui est une solution, grommela M. Lecoq avec humeur, une attaque d’apoplexie me paraîtrait manquer d’à-propos en ce moment. Un peu de vigueur, que diable ! Soyons un mâle et nous en sortirons. Je vous parlais de ce cher Gaillardbois, parce qu’il fait des pieds et des mains pour être préfet de police. C’est un homme de tenue. Il s’est mis en tête de pêcher aux Habits Noirs… À combien se monte le compte de vos commissions sur les affaires du colonel Bozzo, cher monsieur ? »

Ceci fut lancé incidemment et d’un ton d’insouciance admirablement jouée.

Parmi ceux qui étaient là, Trois-Pattes seul devina une partie de la portée que pouvait avoir la question.

Le baron répondit avec fatigue :

« Chez moi, tous les comptes sont à jour. Adressez la demande à mes bureaux.

— C’est là le tort, dit M. Lecoq en baissant la voix. C’est là le grand tort. Il ne faut pas mettre des comptes pareils dans ses bureaux, quand on veut dormir tranquille. Ce diable de Gaillardbois était bien renseigné. Il m’a dit tout uniment : « Le banquier des Habits Noirs est M. le baron Schwartz. »

— C’est une calomnie, répliqua le baron avec simplicité.

— Juste ma réponse à Gaillardbois ! N’avez-vous pas un valet du nom de Domergue ?

— Si fait, un vieux et fidèle serviteur.

— Il faut vous dire qu’avec l’affaire des Habits Noirs menée, Gaillardbois emporterait d’assaut la pré-