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canard in-folio, et dont les derniers modèles sont l’Almanach liégeois et l’Histoire des quatre fils Aymon. Cette brochure était intitulée ainsi : Procès curieux, André Maynotte ou le perfide brassard. Vol de la caisse Bancelle (de Caen), juin 1825.

Maurice se mit à le feuilleter, pendant qu’Étienne répondait.

« Quand deux jeunes gens sont connus pour se destiner à la littérature, on leur envoie comme ça un tas de choses… D’ailleurs, c’était à l’adresse de Michel.

— Ça rentre dans mon plan ! pensa tout haut Maurice.

— Le fait est, appuya Étienne en caressant la brochure, qu’il y a là dedans un bijou de drame !

— Là dedans ! répéta l’autre avec mépris. Il n’y a rien du tout.

— Comment !

— Pas l’ombre de quoi que ce soit !

— Eh bien ! alors… commença le malheureux Étienne.

— Tout est là ! l’interrompit le petit blond en piquant le bout de son index sur son front. S’il y avait quelqu’un… Suis-moi bien… quelqu’un d’intéressé à ce que nous fissions avec cet ignoble bouquin un drame en cinq actes et dix tableaux ?… Hein ?

— Je ne saisis pas.

— Suppose Lesurques. Admets qu’il n’ait pas été exécuté. Il a envie de faire reviser son procès….

— C’est naturel, professa Étienne.

— Quel moyen ? la publicité ? ça saute aux yeux. Lesurques va trouver deux gaillards pleins d’avenir et leur propose cent louis…

— Dieu t’entende !

— Je repousse un tel marché, déclara noblement Maurice, surtout si Lesurques est coupable.