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Michel monta lentement l’escalier de sa demeure et vint s’asseoir pensif entre ses deux amis, Étienne et Maurice, qui, tout émus encore, entamèrent aussitôt le récit de la mystérieuse visite. Il leur imposa silence d’un geste et fit signe à Maurice de s’approcher.

« Quelqu’un a fait ta paix avec le baron Schwartz, lui dit-il. Blanche sera ta femme si tu veux.

— Si je veux ! » se récria Maurice éperdu de joie.

Car il savait bien que, sur un pareil sujet, Michel ne pouvait ni railler ni mentir.

« C’est une histoire, reprit Michel. Un conte de fées, plutôt ! Il y a encore de bons génies. »

Il appuya sa tête entre ses deux mains, et, certes, sa préoccupation triste démentait énergiquement la gaieté de ses paroles.

« Tu es pâle ! dirent en même temps les deux amis qui se rapprochèrent.

— Ce n’est rien, » répliqua-t-il.

Puis il ajouta en plaçant la cassette sur la table devant Étienne :

« Je crois que ton drame est là dedans ; un fier drame ! »

Étienne avança la main d’un mouvement fiévreux. Il eût pris son drame dans le feu, comme Raton fait pour les marrons.

Michel l’arrêta.

« C’est une chose singulière, prononça-t-il d’une voix changée, comme je suis triste malgré mes bonnes nouvelles, car j’ai de bonnes nouvelles : nous sommes riches, nous allons être heureux. Et pourtant j’ai un poids sur le cœur.

« Maurice, s’interrompit-il en posant sa main étendue sur la cassette, j’ai confiance en toi comme si