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— Prenez garde !… et les à-compte de maman Leber ?…

— Oui, oui, garçon, deviens riche ! dit une voix grelottante de l’autre côté de la porte. J’ai compté que tu deviendrais riche. »

Edmée s’élança, Mme Leber était là, pieds nus. Edmée la prit à bras-le-corps pour la reconduire à son lit. La vieille dame toussait creux et allait répétant :

« Comment suis-je là ? n’a-t-il pas parlé d’être riche ? »

Edmée avait fermé la porte, laissant Michel seul dans sa chambre. Michel s’approcha de la fenêtre. Dans l’atelier de collaboration, qui n’avait point de rideaux, Étienne et Maurice gesticulaient comme des diables. Notre héros eut un sourire orgueilleux et pensa :

« Ce sont des enfants. »

Certes, il était, lui, un homme raisonnable !

Quand Edmée rouvrit la porte, il entendit la vieille dame qui criait :

« De la lumière et mon ouvrage ! Je vais travailler un petit peu. »

Edmée avait les larmes aux yeux.

« Sa tête va se perdant ! murmura-t-elle. Pauvre mère ! »

Michel vint se rasseoir à côté d’elle et dit :

« Vous voyez bien qu’il nous faut être riches. La maladie qu’elle a se guérirait avec un peu d’or. »

Edmée soupira :

« Parlons de vous, Michel, et parlons sérieusement.

— Je suis venu pour cela, chérie, répliqua-t-il. Je suis un homme d’affaires quand je veux, vous savez. J’ai une étoile au ciel, c’est évident, voyez plutôt : je tombe amoureux fou d’une jeune fille adorable, mais