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trer un autre de nos personnages, J.-B. Schwartz, errant de sentier en sentier et secouant sa conscience.

Entre Bourguebus et la route de Paris, de grands bois s’étendent. André mit Black au pas tant que dura leur ombrage ; puis il dit :

« Nous y reviendrons. »

Le regard de Julie glissa vers lui plein d’inquiétude. La sérénité même d’André lui faisait peur. Avait-il perdu la raison ?

André s’arrêta à cent pas de la route de Paris, en vue du petit village de Vimont, à une demi-lieue de Moult-Argence. Il fit descendre Julie et déchargea la valise, qu’il porta de l’autre côté de la haie.

« Je vais chercher notre déjeuner, dit-il, attends-moi. »

Julie s’assit sur l’herbe. C’était pour elle un songe plein de fatigue. Elle ne savait rien ; elle ne devinait pas. Le matin, quand il s’était agi de partir et qu’elle avait demandé :

« Avons-nous donc quelque chose à craindre ? »

André lui avait répondu :

« Oui, quelque chose de terrible. »

Et l’expression de sa physionomie, elle s’en souvenait bien, était plus effrayante encore que ses paroles.

Maintenant, il est vrai, André souriait, André affirmait qu’il n’y avait rien à redouter.

Mais comment croire ? André avait dit encore :

« Je ne veux pas me cacher plus d’un jour. »

Quel pouvait être ce danger qu’un jour verrait naître et s’évanouir ?

Tout cela était bizarre, invraisemblable, inexplicable. Derrière ces apparences, il y avait des menaces. Déjà une parole avait traduit les épouvantes de Julie. Elle avait demandé à son mari :

« Qu’as-tu fait ? »