Mais André répondit de ce ton bref et froid qu’elle ne connaissait pas :
« Moi, je ne pars pas. »
En même temps, il atteignit la valise et l’ouvrit.
« Au nom de Dieu ! supplia Julie, expliquez-vous, André, mon mari !
— Je vais vous conduire, répliqua André. Ne vous effrayez pas ; en chemin, je vous dirai tout. »
Julie s’assit, car le cœur lui manquait.
« Hâtez-vous ! » dit André, reprenant son ton de commandement.
Il ouvrit tout grands les tiroirs de la commode.
Julie demanda en pleurant :
« Que faut-il mettre dans la valise ?
— Tout ce que vous pourrez, répondit André.
— Dois-je donc être longtemps loin de vous ?
— Dieu le sait. »
La voix d’André trembla en prononçant ces derniers mots.
Julie s’élança vers lui et se pendit à son cou.
« Et mon fils ! et mon fils ! » cria-t-elle par deux fois avec angoisse.
André n’avait pas songé à l’enfant, car il resta un instant tout indécis. Comme Julie faisait un mouvement vers le berceau, il l’arrêta pour la seconde fois.
« Le petit n’a rien à craindre, murmura-t-il.
— Mais nous avons donc quelque chose à craindre, nous ! » s’écria-t-elle encore.
Le jeune ciseleur hésita, puis il répliqua tout bas :
« Oui, quelque chose de terrible. Si vous m’aimez, Julie, hâtez-vous ! »
Elle refoula ses larmes et entassa dans la valise les objets à son usage. Désormais, ce qui dominait en elle, c’était l’épouvante.