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dernier clou d’une sorte d’auvent, destiné à protéger la fenêtre de l’étage supérieur, qui n’avait point de persiennes. Cette fenêtre éclairait le cabinet particulier du commissaire de police ; elle était située au midi ; l’été s’annonçait brûlant ; le commissaire établissait tout bonnement des barricades contre l’invasion du soleil.

Il était arrivé quelquefois à André Maynotte de saisir quelques paroles, tombant par cette fenêtre, surtout quand Mme Schwartz élevait la voix dans ses querelles de ménage. Ce n’étaient pas ses affaires, et la curiosité provinciale n’était point son péché : il n’avait prêté aucune attention à la comédie matrimoniale qui, chez ses voisins, atteignait un nombre fabuleux de représentations, et s’était promis seulement de parler bas quand il causerait dans sa resserre.

Mais l’auvent qu’on venait de poser et qui, pour le moment, formait un angle de 45 degrés, par rapport au plan de la fenêtre du premier étage, exagérant tout à coup les conditions particulières où se trouvait la petite pièce du rez-de-chaussée, renvoyait le son avec une telle netteté, qu’un appareil acoustique n’eût pas fait mieux.

Ce n’était pas l’ouvrier qui avait parlé. Les voix venaient de l’intérieur. Elles étaient émues et contenues. Ceux qui s’entretenaient là-haut paraissaient en garde contre ce fait que la fenêtre ouverte pouvait avoir des oreilles.

André Maynotte resta immobile et déjà frappé. Pourquoi frappé ? Il n’aurait su le dire, car étant donné son caractère ferme et absolu, peu lui importait les commérages des voisins.

Et en dehors des commérages qui vont et viennent, mêlant beaucoup de calomnies à un petit fond de médi-