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baiser l’éveilla. Elle sourit, disant : « Ils voulaient nous séparer ! » Et ses beaux yeux se refermèrent.

Cinq heures du matin sonnaient. Un bruit de marteau retentissait à l’étage supérieur.

La première idée d’André fut de se lever, mais il ressentait une fatigue extrême et un affaissement qu’il ne se souvenait point d’avoir éprouvé jamais. En même temps, une tristesse inconnue brisait sa pensée.

« Ils voulaient nous séparer ! » répéta-t-il sans savoir qu’il parlait.

Il y avait une petite pièce, servant de resserre à ses outils et aux objets non encore restaurés. Elle donnait sur la cour et attenait à la chambre à coucher. Au milieu de cette somnolence que produisait chez lui la lassitude, André Maynotte crut entendre des voix dans la resserre. Il sauta hors de son lit, car cela faisait illusion ; on eût dit que plusieurs personnes causaient là, derrière la porte.

Et le bruit du marteau continuait.

La porte ouverte, André vit, cependant, qu’il n’y avait personne.

Les voix venaient maintenant de la cour, et son nom, prononcé plusieurs fois, frappa ses oreilles.

La fenêtre était grande ouverte, à cause de la chaleur ; il s’en approcha, marchant pieds nus. La cour était déserte comme la chambre.

Mais les voix s’entendaient encore plus distinctement. Elles semblaient être si rapprochées, qu’André mit sa tête hors de la fenêtre pour voir si les causeurs n’étaient point collés contre le mur. Il leva les yeux ; son nom venait d’être prononcé pour la seconde fois, en l’air : on l’eût juré.

Voici ce qu’il aperçut. Immédiatement au-dessus de sa tête, un ouvrier, terminant sa besogne, enfonçait le