Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Non, répondit Schwartz résolûment. Si vous avez fait un mauvais coup, je ne veux pas le savoir.

— Superbe ! grommela le commis-voyageur. Ils sont tous les mêmes. Eh bien ! bonhomme, il y avait un mari, là ! Es-tu content ?

— Oui, répliqua Schwartz. Vous m’avez promis cent francs, parce que je vous ai rendu service pour le cas où le mari vous inquiéterait.

— Juste… et je t’en donne mille, Jean-Baptiste. »

Il tenait un billet de banque de pareille somme entre l’index et le pouce.

Les paupières de J.-B. Schwartz battirent. Il était très pâle. Il demanda tout bas :

« Pourquoi me donnez-vous mille francs ? »

M. Lecoq allongea un joyeux coup de fouet au petit Breton et répondit :

« Tu es curieux, toi, bonhomme, hé ! Vas-tu me chercher dispute ?

— Je veux savoir ! » prononça lentement J.-B. Schwartz qui avait les yeux baissés.

M. Lecoq l’examinait avec une attention croissante.

« Drôle d’animal que cette espèce-là ! » pensa-t-il.

Il ajouta tout haut :

« Tu mens, Jean-Baptiste. Tu n’as qu’une envie, c’est de ne pas savoir.

— Qu’avez-vous fait, cette nuit, Monsieur Lecoq ? balbutia notre jeune Alsacien, au front de qui perlaient des gouttes de sueur.

— Le vin, le jeu, les belles… » commença Lecoq en haussant les épaules.

Mais il s’interrompit brusquement pour dire d’un ton tranchant et déterminé :

« Descends, bonhomme. Nous avons assez causé : notre chemin n’est pas le même. »