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travaillaient : ceux-là travaillaient toujours. Michel entra chez eux vivement. Ils prirent aussitôt leurs chapeaux et sortirent.

On eût dit que Michel venait de les chasser.

Michel, resté seul, ferma sa fenêtre sans même donner un regard aux croisées d’Edmée. Il rabattit avec soin les rideaux sur les carreaux.

Elle avait été courte la joie de la pauvre jeune fille.

Au bout de quelques minutes, une ombre passa sur les rideaux fermés. Ce n’était pas l’ombre de Michel. Edmée serra son cœur à deux mains et se laissa choir sur un siége.

Il y avait une femme dans la chambre de Michel.

Edmée se sentit défaillir et ferma les yeux. Quand elle rouvrit les yeux, on ne voyait plus rien que le rideau blanc. Avait-elle rêvé ! Elle eût donné la moitié du sang de ses veines pour le croire.

Elle voulut savoir. Mme Leber dormait, lasse du travail de la journée. Edmée descendit, traversa la cour et put prendre, sans, être vue de personne, l’escalier qui conduisait au logis de Michel.

Son cœur battait ; elle était faible et brisée. Elle avait peur de tomber morte avant d’avoir vu.

L’escalier n’était éclairé qu’à l’étage où demeurait M. Lecoq.

Edmée fut longtemps à atteindre le carré de Michel. Il y faisait nuit. On parlait de l’autre côté de la porte ; une ligne brillante marquait le seuil.

Une voix de femme disait :

« C’est un secret de vie et de mort. Nul ne doit savoir que je t’aime.

— Je trouverai un mot de passe, répondit Michel. Tenez ! le premier venu : quand on viendra de ma part, on demandera à votre valet : Fera-t-il jour demain ? »