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même, les quatre étages de Michel. Cela ne fit nullement sensation dans la loge du concierge Rabot, car M. Lecoq recevait des élégantes et l’on avait vu une jeune dame de la plus haute, au dire de maman Rabot, grimper jusqu’au taudis de Trois-Pattes. Nos amis Échalot et Similor ne se trompaient point, en définitive : cette maison du bon Dieu renfermait des mystères à boisseaux.

Quelques semaines auparavant, Mme Leber et sa fille Edmée, déménageant leur humble mobilier, étaient venues s’installer dans un petit appartement, sur le derrière, de l’autre côté de la cour. C’était là un cher projet depuis longtemps caressé, car, depuis longtemps aussi Mme Leber avait accueilli Michel comme le fiancé de sa fille. Mais entre le jour où ce cher projet était éclos dans la gentille cervelle d’Edmée et l’heure de son exécution, bien des choses s’étaient passées, et, dès la première fois qu’Edmée se mit à sa fenêtre pour guetter la chambre de Michel, ses pauvres beaux yeux eurent des larmes. Michel ne rentra pas de toute cette première nuit, et Edmée ne l’avait point vu de toute la semaine.

Que faisait-il loin d’elle ? Le roman des amours enfantines, dont nous lûmes le premier chapitre s’était renoué à l’âge où l’âme se connaît. Edmée avait droit. Où était la rivale qui lui volait ce cœur qui était sa vie ? S’il revenait, pensait-elle, me sachant là, si près, il n’oserait plus…

Ce soir dont nous parlons, Edmée était à son poste, pâle et triste derrière la percale de ses rideaux. Elle eut une bien grande joie tout à coup : la chambre de Michel s’éclaira.

L’enfant prodigue était de retour.

Ses deux camarades qui habitaient la pièce voisine