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comtesse Corona, en tant que niveau mondain, était à la fois au-dessus et au-dessous des Schwartz. Elle avait au pied ce lourd boulet qu’on nomme le mystère ; cela, évidemment, gênait son essor ; mais, malgré le boulet, elle mettait l’orteil sur des échelons que la baronne n’eût pas même atteint en se hissant sur les pointes et en étendant les bras : ceci au-dessus du point où l’escalier se bifurque, allant d’un côté vers la cour, de l’autre vers le cénacle.

La comtesse Corona était reçue et bien reçue dans la nombreuse famille du maréchal ***, dont toutes les branches étaient de la cour ; elle voyait en même temps les Savoie-Boisbriant qui tenaient le bon bout au faubourg Saint-Germain. C’étaient là deux clefs puissantes pour ouvrir la porte Schwartz. !

Mais pourquoi la comtesse en usait-elle ? Quel était le besoin ou l’attrait qui l’amenait au seuil de cette maison Schwartz où elle n’avait rien à gagner ?

Les enfants voient singulièrement clair parfois. Blanche, quand elle était petite, disait que cette charmante comtesse, qui la comblait pourtant de caresses et de jouets, avait l’air d’un chat qui guette une souris.

Après le départ de Michel, la maison Schwartz resta un instant comme étonnée. Quelque chose manquait, surtout au baron qui était un homme d’habitudes. Puis tout reprit le train accoutumé, au moins en apparence, mais, au fond, la tranquillité intérieure était morte. M. Schwartz portait, au plus fort de ses luttes commerciales, une préoccupation constante : il organisait l’espionnage autour de sa femme sur une grande échelle, et Mme Schwartz se sentait surveillée.

M. Lecoq, à cette époque, entra plus avant dans l’intimité de la maison. Seulement, cet homme habile