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Pour regarder en l’air.

Et que voient-ils en l’air ?

Le grand monde.

Tout a une fin, cependant. Il y a des gens qui ont atteint les cimes du Chimboraçao et de l’Himalaya. La fin du grand monde, le sommet est double. Il y a d’un côté la cour, de l’autre le cénacle. Ces deux sommets se nient l’un l’autre.

Mais nous n’avons que faire des sommets. Les Schwartz ont leur niveau précis à mi-chemin de ces pics éblouissants.

Mme Schwartz était au-dessus de son grand monde. Elle avait ses heures d’ambition ardente comme sa nature même. Tout à coup il lui prenait de passionnés besoins d’éclat, de bruit, de plaisirs. À d’autres instants, elle tombait dans une indifférence profonde. M. Schwartz avait des désirs moins chauds, mais qui duraient toujours.

Ce qui précède est pour expliquer la position de Mme la comtesse Corona dans la maison Schwartz. Il n’y avait entre la baronne et la comtesse aucune sympathie apparente ; ce qu’elles ressentaient l’une pour l’autre ressemblait plutôt à de l’éloignement. À l’exception de quelques maisons, non classées dans l’échelle des mondes, une femme n’entre nulle part que par les femmes ; c’était donc par Mme Schwartz que la comtesse était ici. L’âge de Blanche et la complète abdication de M. le baron en faveur de sa femme dès qu’il s’agissait de choses mondaines, ne pouvaient laisser aucun doute à cet égard.

Un prétexte, sinon un motif, se présentait à l’esprit de ceux qui avaient assez de loisir pour chercher le mot de cette petite énigme ailleurs que dans une communauté de patrie ou dans une parenté éloignée : la