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seau affectionnent les sordides naïvetés de ce thème. Qu’importe ? un tas de gros sous vaut une parcelle d’or. On gagne sa vie dans les mines de cuivre, et Vespasien empereur a édicté d’un mot sublime la philosophie des distillations monétaires.

Eh bien, non ! rien de tout cela ! au lieu de toutes ces poésies, nous ne possédons dans notre sac que la pauvre biographie d’un voleur, qui n’avait aucun plan de réorganisation sociale, qui ne se targuait d’aucune mission apostolique et qui n’était même pas prédicateur !

Sans nous donner ce ridicule de disserter sur le grand monde, nous pouvons bien dire qu’à Paris c’est là un terme essentiellement relatif. Chacun a son grand monde et nul ne peut nier qu’il y ait, dans ce petit département de la Seine, imperceptible point sur la carte, des quantités à peu près innombrables de grands mondes, juxtaposés ou superposés, qui suivent fidèlement, du plus bas au plus haut, la marche ascensionnelle de l’escalier social lui-même. Pour le loyal public du théâtre de la Gaîté, les ducs, les maires et les fabricants de ouates sont exactement sur la même ligne : ils ont voiture ; le public du Gymnase, progressant par élimination, soustrait le fabricant et le maire, mais leur substitue le banquier millionnaire avec l’agent de change qui sont tous deux, à son sens, de très agréables patriciens.

Après de fortes études, j’affirme qu’il est impossible d’établir dans Paris bourgeois deux catégories plus heureusement poinçonnées que celles-ci : amateurs de la Gaîté ; amateurs du Gymnase ; ce sont deux religions. La Gaîté va jusqu’à la Porte-Saint-Martin, en passant par le Théâtre-Lyrique ; le Gymnase englobe l’Opéra-Comique et le Théâtre-Français, belle ruine