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XV

Le bouton de diamant.


Tout le monde sait tout, à présent, et bien mieux que les pauvres diables qui fatiguent la plume. Les jolis jeunes gens qui servent les dames dans les magasins de nouveautés connaissent désormais sur le bout du doigt ce que c’est que le grand monde.

Balzac désespérait de jamais comprendre le mot effrayant de cette énigme ; mais, du temps de Balzac, on faisait des chefs-d’œuvre. Cela engageait à être modeste. Aujourd’hui, quiconque a appris à épeler peut suivre son cours de grand monde dans ces traités faciles, élégants, suaves, délicats, diserts et heureusement pommadés, qui sont écrits avec les plus brillantes plumes de perruche par des seigneurs daignant être de lettres et appartenant manifestement au très grand monde.

Le grand monde étant donc, Dieu merci, à la portée de tout le monde, il serait superflu, pour ne pas dire malséant, d’apporter nos définitions. Nous n’éditons pas d’ailleurs une œuvre d’analyse : c’est ici un mélodrame de bonne foi, ni plus ni moins.

Le grand monde est ce que vous savez, et tel que les chroniqueurs ont l’obligeance de vous le peindre. L’Évangile n’a pas une plus grave authenticité que les almanachs de ces poètes heureux. Aimez-vous la photographie ? Moi, j’ai tout le grand monde, chroniqueurs et duchesses, dans une maison de carton, que