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ont même leur bonté relative et rarement peut-on les accuser de faire du mal par goût ; mais, dans les occasions délicates, ils vous ont des adresses funestes. L’expulsion de Michel, notre héros, eut lieu habilement, décemment et cruellement. Le monde lui donna tort et, à de certains moments, il fut tenté lui-même de s’accuser d’ingratitude. Nous avons employé le mot expulsion pour dire tout d’un coup la vérité vraie ; mais, selon l’apparence, c’était Michel qui avait quitté M. Schwartz, et celui-ci poussait la chevalerie jusqu’à ne le point taxer trop haut d’ingratitude.

Il y eut plus : M. Schwartz, en diverses occasions, donna témoignage en sa faveur, dans le style de ces certificats où les maîtres déclarent n’avoir pas eu à se plaindre de leurs domestiques, sous le rapport de la probité.

Avec de tels certificats, on cherche une place longtemps. Dans la finance militante, dont M. Schwartz était le plus bel ornement, Michel était un jeune homme perdu.

Une voix inconnue, publicité sourde, avait murmuré à toutes les oreilles d’affaires cette mystérieuse formule :

« Il y a eu quelque chose. »

La chronique de la Bourse avait bien essayé un bout de roman où la belle Mme Schwartz avait un rôle aimable ; mais, sans nier la possibilité du fait, les forts maintenaient l’axiome : « Il y a eu quelque chose. »

L’avis de M. Lecoq fut que « Michel était brûlé. » Et M. Lecoq s’y connaissait autant que personne en France.