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soupçon ne lui venait qu’aux heures malades et il y avait dans sa préoccupation une énorme dose de curiosité.

Chose singulière, la faveur de Michel grandissait parmi ces troubles.

M. Schwartz était un homme habile. Il eut une forte idée qui devait guérir son esprit, son cœur et sa raison. Elle n’était pas toute jeune, cette idée ; il la couvait vaguement depuis du temps. Quand elle se formula en lui nettement, il fit des folies comme Archimède au sortir de son bain.

Il tomba dans la chambre de sa femme et lui dit :

« Marier Blanche et Michel. Affaire ! »

C’était une épreuve assurément, mais c’était aussi un sérieux projet.

La baronne, pâle et calme comme toujours, répondit doucement :

« C’est impossible. »

M. Schwartz demanda pourquoi.

Était-ce pour cela précisément que cette belle baronne avait ouvert sa maison à la comtesse Corona ?

Le fait est que la comtesse Corona servit de réponse.

Il y eut lutte pour la première fois. Une autre personne était là qui souffrait silencieusement et bien plus que M. le baron lui-même. En vertu de je ne sais quel pacte qui n’avait jamais été signé, mais qui existait pourtant, Edmée Leber regardait Michel comme étant son bien. Et voilà que Michel, sous ses yeux, était tiraillé entre trois femmes : la baronne, la comtesse, Blanche.

D’elle, Edmée, il n’était même pas question.

Le résultat de la lutte fut violent. Michel, exilé, quitta la maison Schwartz. Les hommes comme M. le baron ne sont pas ce qu’on appelle des méchants ; ils