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Il fut longtemps à trouver. Plusieurs mois se passèrent. Blanche arrivait à être une jeune personne. Michel se rangeait, il devenait sérieux et ambitieux, symptôme alarmant pour M. Schwartz, que tout alarmait désormais. Le pauvre homme avait, au jeu commercial, un bonheur insolent qui l’effrayait.

Qu’y avait-il, cependant ? Depuis des années, il reprochait à la baronne sa froideur vis-à-vis de Michel. La baronne, obéissante, regardait le favori d’un œil moins glacé. Où était le mal ?

Le mal n’était nulle part, mais l’incident Mirabel restait dans l’esprit du baron. Il eut un cauchemar : il lui sembla que Mme Schwartz se mettait entre le fougueux caprice de Michel et cette belle comtesse Corona.

Une nuit, pendant que la baronne était au bal, nous éprouvons un certain malaise à vous faire cette confession, il introduisit un étranger dans sa chambre à coucher. M. Lecoq possédait un très grand nombre de talents, et M. Schwartz lui accordait cette dangereuse confiance qu’on ne donne pas à un galant homme. M. Lecoq, ancien voyageur de la maison Berthier et Cie, valait mieux qu’un serrurier.

Le tiroir du milieu, le tiroir du secrétaire, celui dont la serrure cachait son trou mignon dans le cœur d’un bouquet de pensées faites d’améthystes et de topazes, fut tâté selon l’art, palpé, sollicité, violé. M. Lecoq avait apporté les instruments qu’il fallait. Le tiroir résista vaillamment. M. Lecoq déclara que la serrure était à secret.

Ces tentatives engagent d’autant plus qu’elles méritent plus de blâme. La jalousie des honteux est une fièvre.

Et pourtant, M. Schwartz avait encore confiance. Le